Jeanne de l'Épinois - Infirmière morte en service

Publié par Pierre MILLET

https://www.geneanet.org/media/public/jeanne-de-toucheboeuf-3122062

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Jeanne de l'Épinois née Eugénie Marie Jeanne de Touchebœuf, comtesse de Clermont, fille de Jean Baptiste François Marie Guyon de Touchebœuf (1843-1891), comte de Clermont, et de Hortense Angéline Hibon de Frévent (1841-1885), est née au château de Monsec à Mouzens (Dordogne) le 9 février 1877.

Elle épouse Paul Marie Charles de Buchère de l’Épinois (1869-1954), Lieutenant au 33e Régt d’Artillerie, le 24 octobre 1898 à Cénac-et-Saint-Julien en Dordogne. 

À leur mariage, Jeanne réside à Cénac-et-Saint-Julien et son mari à Poitiers mais est domicilié à Limeray (Indre-et-Loire) au château du Plessis. Elle est dite « sans profession ». (Source : Archives Dordogne : Mariages Cénac-et-Julien 1898 5 E 90/14).

Elle décède le 9 septembre 1917 à Lisle-en-Rigault (Meuse).

Infirmière à la Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM) de la Croix Rouge Française.

La S.S.B.M est une des sociétés d’infirmières qui intervenaient pendant la 1ère Guerre mondiale 
dans les hôpitaux militaires et civils essentiellement auprès des blessés militaires. Elle a été créée le 26 mai 1864 par Henri Dunant.

Engagée comme infirmière à la SSBM lors de la Première Guerre Mondiale, elle rejoint le front lorrain où elle est affectée à l’hôpital n° 12 de Vadelaincourt (Meuse) près de Verdun. Le bombardement par un avion allemand de cet hôpital à 23 heures le 20 août 1917 provoqua de gros dégâts, notamment un important incendie, et fit de nombreuses victimes. On compte 43 morts (infirmières bénévoles, infirmiers ou soldats en traitement » et 55 blessés. Elle se chargea avec courage alors de soigner les blessés sous le bombardement. Elle en sortit néanmoins vivante.  Source : https://lhistoireenrafale.lunion.fr/2017/08/20/20-aout-1917-lhopital-de-vadelaincourt-meuse-bombarde/

Mais, une quinzaine de jours plus tard, dans la nuit du 4 au 5 septembre, un nouveau bombardement se produisit au cours duquel elle fut grièvement blessée. Elle fut transportée à l’hôpital auxiliaire 27 du Château de Jean d’Heurs à Lisle-en-Rigault (Meuse), annexe de l’hôpital central de Bar-le-Duc, où elle mourut le 9 septembre des suites de ses blessures. Elle avait 40 ans.  (Source : Fiche de décès de Mémoire des Hommes).

Fiche décès SGA Mémoire des Hommes

Fiche décès SGA Mémoire des Hommes

Décorée de la Légion d’Honneur.

La veille de son décès, le 8 septembre 1917, elle fut, dans l’urgence, nommée Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur, distinction accordée par décret sur rapport du ministre de la Guerre.

Motifs invoqués sur la feuille de renseignements produits à l’appui de la demande pour sa nomination au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur signée par le Président du Conseil, ministre de la Guerre, Paul Painlevé, en date du 7 octobre 1917 :

 

« Avec un remarquable courage et le plus grand calme a aidé au sauvetage des blessés et leur a prodigué ses soins pendant le bombardement et l’incendie de l’hôpital, le 20 août 1917. Sa présence et son attitude au milieu du danger ont été, pour tout le personnel, un bel exemple de courage et de sang-froid ; s’est de nouveau signalée pendant le bombardement du 4 septembre au cours duquel elle a été mortellement blessée. (J.O. du 4 novembre 1917)».

Dossier de la Légion d'Honneur - Site "leonore"

Elle mourut sans enfants. Son brevet de la Légion d’Honneur fut remis à son mari alors Lieutenant-Colonel en août 1918. Elle est enterrée dans la chapelle du château de Monsec à Mouzens (Dordogne). (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Monsec)

Sous le nom de Jeanne de l’Épinois, elle figure sur :

  • Le Monument aux morts de Mouzens (Dordogne)
  • Le Livre d’or du ministère des pensions (Mouzens)
  • Le Livre d’or des infirmières à Reims (Marne)
  • Le Livre d’or de la S.S.B.M. à Paris 8e
  • Le Tableau d’Honneur Morts pour la France – Guerre 1914-1918 (Publications La Fare 1921)

Source : https://www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/complementter.php?id=6455256

  • Sur la plaque commémorative et le Monument aux Morts de Limeray (Indre-et-Loire) sous le nom de Jeanne Touchebœuf. (MémorialGenweb).
 

Un mari inconsolable.

Son époux Paul Marie Charles de Buchère de l’Épinois, est né le 5 septembre 1869 à Toulouse (Haute-Garonne), polytechnicien et propriétaire du château du Plessis à Limeray (Indre-et-Loire), fils de l'archiviste et historien Henri de l’Épinois. Cavalier émérite, il avait choisi de faire carrière dans l’armée. Il termina la guerre sans une blessure, avec le grade de Lieutenant-colonel et la Légion d’honneur (Chevalier en 1913 et Officier en 1920). Très marqué par le décès de sa femme qui le laissait sans enfants, il décida d’entrer en 1920 au séminaire St Sulpice d’Issy-les-Moulineaux, près de Paris, pour accéder à la prêtrise en 1923. Il devint le vicaire de la basilique Sainte-Clotilde à Paris en 1923 et mourut le 25 octobre 1954 à Paris 7e. (Source : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=de+buchere+de+l+epinois&p=paul)

Généalogie familiale.

Le père de Jeanne de l’Épinois, Jean Baptiste Romain Marie Guyon de Touchebœuf, comte de Clermont, est le propriétaire du Château de Monsec à Mouzens (Dordogne) dont il fut le maire de 1884 à 1892.

Elle perd sa mère, Hortence Angéline Hibon (1841-1885), très jeune, à l’âge de 8 ans.

Elle a 3 frères et sœurs aînés : Marguerite née en 1869, Marie-Thérèse née en 1871 et Robert né en 1875.

Il est à remarquer qu’il y a de nombreux liens de parentés, assez éloignés néanmoins, entre Jeanne de Touchebœuf et Paul Buchère de l’Épinois, son époux, qu’il serait long à expliquer ici.

Elle cousine également à de multiples occasions avec une autre infirmière, aussi Morte pour la France en octobre 1918 dans la Marne, Germaine de la Valette-Monbrun, objet d’une autre chronique traitée ici par moi-même.

Parmi ses ancêtres, on compte de nombreux marquis, comtes et barons.

On ne trouve rien sur sa vie antérieure à la guerre. Je suppose qu’elle a suivi son mari dans ses différentes affectations militaires.

P. MILLET - 04.2024

 
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