Germaine de LA VALETTE-MONBRUN - Une Infirmière dans la Guerre
Morte au Champ d’honneur
- Infirmière auprès des Blessés de guerre
Jeanne Marguerite Germaine de la Valette-Monbrun, dite Germaine de la Valette-Monbrun, est née au Château de Biran à Saint-Sauveur, en Dordogne, près de Bergerac, le samedi 7 Juillet 1877. Elle est la fille de Joseph Marie de la Valette-Monbrun et de Marthe Françoise de Royère. Elle décède sur le Front, dans la Marne, le 19 ou 20 octobre 1918, à 41 ans.
On ne possède pas d’information sur son enfance ni sur ses études. Elle est restée célibataire, sans enfants.
Acte de décès à Paris 5e
Infirmière auprès des Blessés de guerre :
Dès le début de la guerre 14-18, « son caractère énergique, la tradition familiale, l’impérieux besoin de se rendre utile à son pays »* la poussent à s’engager comme infirmière dans la Croix-Rouge à Bergerac. Elle y « soigne les premiers blessés de la guerre à l’hôpital temporaire de la caserne Davout*. » *Extraits du discours de son petit-neveu Philippe Bories lors de l’hommage qui lui a été rendu le 19 octobre 2018 à Bergerac.
Son affectation à la Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM) la mène à toujours servir au plus près du front au péril de sa vie.
Après Bergerac, ce sera Neuilly, Compiègne, puis la Marne. Elle fut affectée, d’avril à juin 1917, à l’ambulance chirurgicale n° 2 de Courlandon, dans la Marne, au cœur de la bataille pourrait-on dire, car les blessés y affluent, venant du terrible Chemin des Dames.
Alors qu’elle était affectée au service des intoxiqués au gaz dans l’hôpital temporaire de Zuydcoote, dans le Nord, elle contracta une maladie des yeux. Elle se vit prescrire 5 mois d’arrêt pour se soigner.
Une fois rétablie, en 1917, la Croix Rouge met Melle de la Valette-Monbrun à la disposition du Commissariat Général de l’Information et de la Propagande rue François 1er à Paris.
Comme elle a une bonne pratique de l’Anglais, le 19 octobre 1918 elle est amenée à accompagner des journalistes de guerre américains ainsi que des dames Américaines, en mission, à la Montagne-de-Bligny, dans la Marne. Alors qu’elle venait de quitter son véhicule, elle posa le pied sur une grenade d’origine allemande qui n’avait pas éclaté. S’ensuivit l’inévitable explosion.
Atteinte de multiples et graves blessures, elle ne tarda pas à expirer. À ces côtés, furent également blessés cruellement un officier du service d’Information et une dame américaine. Sa mort est fixée par certains au 19 octobre 1918 alors que l’acte de décès enregistré à la mairie de Paris 5e, le 23 octobre 1918, indique la date du 20 octobre comme date de décès. Le lieu du décès est semble-t-il « la Montagne-de-Bligny » qui se situe sur la commune de Sarcy (Marne) et non à Bligny (Marne) comme indiqué sur certains documents. L’acte de décès ne précise pas le lieu exact. Il indique seulement « venant de Dormans » ce qui n’est pas tout à fait à côté de Bligny ni de Sarcy. Peut-être arrivait-elle de Dormans en voiture, ce qui est probable.
Extrait du Journal « l’Action Française »
du 28 octobre 1918
Son corps a été transporté de la Marne à l’hôpital du Val de Grâce 277bis rue Saint Jacques à Paris 5e où les obsèques ont eu lieu, sans doute à l’église qui s’y trouve. Par la suite, elle a été inhumée à une date inconnue dans le caveau des familles De Royère, De Biran et De La Valette au cimetière Beauferrier de Bergerac (Dordogne), situé dans la dernière allée.
Elle sera décorée de la Croix de Guerre le 12 Février 1919 sur décision du Grand Quartier Général – Ordre du Service de Santé de la 7ème Armée :
Citation : Mlle DE LA VALETTE (Germaine), infirmière S.B.M. : « Infirmière de premier ordre, ayant fait preuve d’un dévouement sans bornes et d’une complète abnégation dans les différentes formations sanitaires où elle a servi. A montré notamment à Courlandon les plus belles qualités de courage, en portant secours aux blessés des multiples bombardements par avions ennemis dont l’ambulance automobile n° 2 a été l’objet. »
Source : Extrait du "Bulletin de la SBM - Croix Rouge Française" P. 362 sur Gallica.bnf.fr
Le Livre d’Or de la SBM – P. 362
Elle sera enfin reconnue officiellement « Morte pour la France » le 12 octobre 2018. À l’occasion du centenaire de sa mort et pour fêter cette reconnaissance, une cérémonie officielle s’est tenue pour lui rendre hommage au cimetière Beauferrier de Bergerac, en présence des autorités civiles et militaires du département de la Dordogne et de la mairie, du curé de la paroisse, des élèves du collège Henri-IV et une foule de porte-drapeaux. Cette cérémonie a été organisée conjointement le 19 octobre 2018 par le Souvenir Français de Bergerac et celui de Périgueux, avec également l’association de Recherche Historique des Pesqueyroux.
Son petit neveu, Philippe Bories, qui ne l’a évidemment pas connue, a parlé d’elle durant la cérémonie comme sa « tante Germaine, la dame au chignon dont le portrait était accroché dans le salon de la maison de famille, à côté, moindre mal, d’une croix de guerre avec une citation à l’ordre du régiment. »
Son nom figure sur le monument aux Morts de Mouleydier (24), sur les plaques commémoratives de l’église et de la mairie de Mouleydier, sur le Livre d’Or des Infirmières à Reims (51), sur le Carrousel de plaques de la mairie de Paris 7e et sur l’Annuaire 1931 de la SSBM – Croix Rouge Française du siège central à Paris 8e.
Commémoration du 100e anniversaire de sa mort
Sources : Journal l’Action Française du 28/10/1918 - Journal Sud-Ouest du 26/10/2018 - le Souvenir Français, comités de Bergerac et de Périgueux – Archives de la ville de Paris (actes de décès) – Archives départementales de la Dordogne (acte de naissance)
Parmi ses ancêtres, on trouve le célèbre philosophe périgourdin Pierre Maine de Biran, de son nom complet Marie François Pierre Gontier de Biran (1766-1824) né à Bergerac et décédé à Paris, dont elle était une cousine lointaine par sa grand-mère maternelle Marie Gontier de Biran (1827-1897), et Charles Jean Marie Félix de la Valette, dit le Marquis Félix de La Valette (1806-1881), dont elle était la petite-nièce, lequel fut député de la Dordogne (1846-1848) et ministre de Napoléon III. Elle en reçut la tradition familiale du patriotisme qui la poussèrent à enchaîner des missions au plus près des zones de combats durant la Guerre 14-18.
Elle fait donc partie d’une vieille famille périgourdine honorablement connue dans la région et dont certains d'entre eux ont inscrit leurs noms dans la Culture et l’Histoire de France.
Son père, Joseph Marie de la Valette-Monbrun (1851-1908), a été fait « Chevalier de l’Ordre du Christ du Portugal » en 1904.
Germaine de La Valette-Monbrun appartenait à une fratrie de 7 enfants.
- Elle a eu une sœur aînée née en 1874 décédée à 1 mois et demi, Germaine, dont elle a repris le prénom usuel et un frère (5e de la fratrie) né en 1883 décédé à 8 mois.
- Marie Françoise Geneviève Pie dite Geneviève (1879-1963)
- Marie Françoise Philomène Pie dite Catherine (1880-1920)
- Marie Françoise Antoinette Brigitte Pie dite Brigitte (1885-1909)
- Marie Simone Marguerite François Pie dite Simone (1891-1918)
Parmi ses ancêtres, on trouve des Marquis, des Comtes, des maires de Bergerac sous l'Ancien Régime (les Gontier de Biran) et divers Seigneurs. Comme l'indique l'article du Journal l'Action Française, elle était aussi cousine-germaine de 2 abbés de La Valette. Sans entrer dans une polémique politique, qui serait déplacée ici, on note qu'elle était proche des nationalistes de l'époque, ou du moins sa famille.
Une autre infirmière de la Croix Rouge, affectée au SSBM durant la Grande Guerre, Morte pour la France en 1917 dans la Meuse, Jeanne de Buchère de l'Épinois, née de Touchebouche Comtesse de Clermont en 1877 à Mouzens (24) , se trouve être parente avec Germaine de La Valette-Monbrun par son mari Paul de Buchère de l'Épinois qui cousinait de loin avec cette dernière de multiples fois. Celui-ci, Lieutenant d'Artillerie, ne s'étant jamais remis du décès de son épouse, est entré dans les ordres en 1923 et est devenu Abbé, Vicaire de Ste-Clotilde à Paris où il est décédé en 1954.
Sources généalogiques : https://gw.geneanet.org/pierfit